« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre. » - Blaise Pascal
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J’ai toujours été très casanière - dès l’enfance, déjà, encline à choisir de rester chez moi si l’occasion se présentait, plutôt que de passer le seuil de la porte à la rencontre du monde extérieur - préférant la compagnie de mes livres, du moelleux du canapé, et le luxe de pouvoir tour à tour me draper dans le silence ou de le laisser choir, selon l’envie.
À mes yeux, un chez-soi, c’est l’Eldorado, la définition même du paradis, le fameux « walled-in garden », la possibilité d’une île.
Aussi, savoir demeurer en repos dans une chambre m’est chose facile, puisqu’il s’agit bel et bien de ce à quoi j’ai toujours aspiré, de ce que mon instinct me pousse à rechercher, d’aussi loin que je me souvienne.
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Les saisons qualifiées de « yin », automne et hiver, nous enjoignent à regagner nos quartiers, à suivre l’exemple de la nature en hibernant, nous aussi, à notre façon.
La vie intrinsèque prend alors le pas sur la vie sociale, cette dernière s’amenuisant quelque peu, à l’instar des heures d’ensoleillement, tandis que notre désir d’introspection, lui, se redéploie, riche et vaste. Physiologiquement, ce glissement se fait de lui-même, presque à notre insu, sans que nous ne le décidions réellement : le corps, impérieux, nous réclame cette mise en recel - une part de solitude, une intimité de soi à soi ; le mental n’a d’autre choix que de suivre. Comme le résume si joliment Abbie Galvin, « life persuades us in such subtle, artful ways, to become who we are ».
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Cette subtilité, cette inventivité dont l’existence fait preuve pour nous rapprocher de la meilleure version de nous-mêmes, pourrions-nous prendre le temps de les déceler, d’en percevoir le chuchotement ? Et comme si quelque chose en nous hochait la tête gentiment, comprendre alors : s’accorder refuge, devenir une petite graine dont le potentiel dort sous la terre en rêvant du printemps, bien à l’abri du monde.
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