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  • Photo du rédacteurAlexandra G.

Prendre refuge en soi


« Tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans une chambre. » - Blaise Pascal

J’ai toujours été très casanière - dès l’enfance, déjà, encline à choisir de rester chez moi si l’occasion se présentait, plutôt que de passer le seuil de la porte à la rencontre du monde extérieur - préférant la compagnie de mes livres, du moelleux du canapé, et le luxe de pouvoir tour à tour me draper dans le silence ou de le laisser choir, selon l’envie.

À mes yeux, un chez-soi, c’est l’Eldorado, la définition même du paradis, le fameux « walled-in garden », la possibilité d’une île.

Aussi, savoir demeurer en repos dans une chambre m’est chose facile, puisqu’il s’agit bel et bien de ce à quoi j’ai toujours aspiré, de ce que mon instinct me pousse à rechercher, d’aussi loin que je me souvienne.


Les saisons qualifiées de « yin », automne et hiver, nous enjoignent à regagner nos quartiers, à suivre l’exemple de la nature en hibernant, nous aussi, à notre façon.


La vie intrinsèque prend alors le pas sur la vie sociale, cette dernière s’amenuisant quelque peu, à l’instar des heures d’ensoleillement, tandis que notre désir d’introspection, lui, se redéploie, riche et vaste. Physiologiquement, ce glissement se fait de lui-même, presque à notre insu, sans que nous ne le décidions réellement : le corps, impérieux, nous réclame cette mise en recel - une part de solitude, une intimité de soi à soi ; le mental n’a d’autre choix que de suivre. Comme le résume si joliment Abbie Galvin, « life persuades us in such subtle, artful ways, to become who we are ».


Cette subtilité, cette inventivité dont l’existence fait preuve pour nous rapprocher de la meilleure version de nous-mêmes, pourrions-nous prendre le temps de les déceler, d’en percevoir le chuchotement ? Et comme si quelque chose en nous hochait la tête gentiment, comprendre alors : s’accorder refuge, devenir une petite graine dont le potentiel dort sous la terre en rêvant du printemps, bien à l’abri du monde.

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