Qu'est-ce qu'une "pratique avancée" ?
Dans les studios de yoga, pour + de facilité, les cours sont souvent étiquetés en fonction d'un certain degré : débutant, intermédiaire, avancé, et parfois, tous niveaux. Je préfère cette dernière désignation car il me semble toujours possible d'adapter la pratique à chacun (et non l'inverse : il ne s'agit pas de s'imposer une posture par désir de mimétisme, convaincu que nous devons, nous-mêmes, nous fondre dans un moule) - et ce, en dépit du challenge que cela représente parfois pour le professeur, que de devoir offrir un cours homogène lorsqu'au sein de celui-ci se trouvent des personnes de tout âge, dont l'histoire, les habitudes, et les attentes, se sont construits différemment.
Une surprise nous attend à chaque fois que nous passons le seuil de la salle où patientent les élèves : est-ce que nous pourrons enseigner ce que nous avons préparé, ou est-ce qu'il faudra improviser, sortir totalement de sa zone de confort, de ses automatismes ? Il y a tant à apprendre de ces moments.
Hier, durant l'un de mes cours, une jeune femme pratiquant depuis plusieurs années - qui semblait à l'aise dans chaque asana, portée par une certaine grâce, une fluidité naturelle - s'est installée de longues minutes en Balasana tandis que les autres élèves continuaient leur enchaînement. J'ai réalisé que c'était ça, indubitablement, une pratique avancée : savoir s'arrêter, savoir dire non, quand le corps éprouve le besoin de se poser. Sans se questionner, sans hésiter. Connaître ses limites du jour, et les honorer.
Selon Elena Brower, la seule chose qui distingue une pratique avancée d'un débutant, c'est la capacité à sourire, à garder un visage doux dans n'importe quelle situation, quelque soit l'architecture du corps, la vitesse du mouvement ou au contraire, le temps passé dans l'immobilité. Sourire. Respirer. Comme si de rien était. J'aime aussi cette définition, simple, évidente, et pourtant vraie. Qu'il s'agisse d'un handstand ou d'un trikonasana, d'une planche ou d'un long virasana méditatif, pouvons-nous cultiver notre disponibilité, notre sourire intérieur, quitte à s'arrêter, à se poser, pour que cela demeure le cas en permanence ?
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