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  • Photo du rédacteurAlexandra G.

Un petit supplément d'âme


Chaque pensée, chacune de nos actions, peut émaner d'un automatisme ou d'une intention.

À tout instant, nous décidons, il n'importe qu'à nous d'en choisir la teneur, la générosité. C'est une chose simple, à l'évidence, dont il faut cependant se rappeler, sous peine de s'oublier, soi, puis d'oublier de respecter la qualité de nos interactions avec autrui.

Tout au long de la semaine dernière, dès qu'un moment de libre s'immisçait entre deux cours donnés, je suis allée moi-même pratiquer, m'imposant d'essayer de nouveaux créneaux, de nouveaux professeurs, afin d'aviver ma curiosité et d'aller au-devant de bonnes surprises. Et ce qui m'a le plus frappée, au final, quelque soit le type de yoga choisi, l'âge ou le sexe de l'enseignant, c'est de constater à quel point le degré d'attention, le désir de partage, diffèrent d'un cours à l'autre. Ces fondations, cruciales à mon sens, car porteuses d'un climat de bienveillance, et de confiance, disparaissaient parfois. Il y avait alors une belle structure, bien sûr, une séquence parfaitement juste, équilibrée, de la technique, des ajustements précis - on pouvait déceler un savoir indéniable, mais pas le moindre supplément d'âme. Ce constat ne m'empêchait pas de sortir d'une session agréablement déliée, plus calme ou dynamisée, mais quelque chose de profond, de l'ordre du subtil, faisait défaut.

On m'avait regardée, sans m'avoir vue. On m'avait touchée, sans m'avoir lue. Comme un rendez-vous manqué.


Je me suis mise alors à observer au quotidien les manifestations semblables du manque d'implication, de chaleur, dans les échanges routiniers. Le "bonjour" adressé mécaniquement au chauffeur de bus, ou décoré d'un sourire, de considération ; le "merci" au serveur émis de manière distraite, ou droit dans les yeux, bien articulé ; l'écoute, quand l'autre nous raconte une anecdote, sans chercher à surenchérir, à y répondre absolument, une oreille patiente qui prend note, qui comprend, qui accueille. Il ne s'agit pas de politesse basique - fort heureusement, j'ose espérer que nous sommes tous déjà au fait concernant ce qui "se fait" ou non ! - mais d'une attitude plus globale, comme un baume apaisant, comme une embrassade sincère, un petit rien qui signifie beaucoup, et dont découle l'impression d'être sur les bons rails, de vivre fluidement. Je me risquerais bien à appeler ça... de la gentillesse, peut-être ? Hélas, ce terme s'accompagne souvent, tristement, d'une connotation péjorative.

Qu'en est-il alors dans notre pratique personnelle, ou simplement dans notre rapport à nous-même ?

Certains jours, nous sommes déconnecté(e)s, en dépit de notre bonne volonté, loin du corps, des sensations, tiraillé(e)s par notre mental et sa cohorte de pensées, et ces jours-là, loin d'être sources de frustration, devraient être l'occasion de ralentir pour s'ancrer, de remettre de l'onctuosité dans la sécheresse de nos réflexes. Voire peut-être, de ne rien faire, de rien s'imposer. Tandis que d'autres jours nous rappellent que tout, ou presque, a le pouvoir d'être simple, facile, lorsqu'on y met du coeur, lorsqu'on se donne en entier, non par contrainte, mais par générosité. Puissions-nous cette semaine, sur le tapis comme dans la vie, avec soi, auprès d'autrui, prendre notre temps, et en offrir tout autant, faire de ce fameux supplément d'âme, non plus un extra, mais une évidence.

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