Winning
- Alexandra G.
- 19 avr. 2018
- 3 min de lecture

Récemment, le statut de professeur de yoga et plus particulièrement ses aspects réels et concrets, quotidiens, presque triviaux, ont été l'objet de nombreux posts qui ont ainsi pu faire souffler un doux vent de liberté, même s'il s'accompagnait parfois de quelques courants d'air ! Cette fraîcheur était plus que bienvenue me semble t-il, dans ce monde lisse et policé qui se nourrit d'images, de façades, sans chercher à voir ce qu'elles abritent au-delà des évidences.
Je n'écris pas aujourd'hui pour ajouter ma voix au chapitre, tout a déjà été dit - le plaisir de l'autonomie, la chance d'exercer sa passion, la joie du partage, de la transmission, mais aussi la précarité qui en résulte, la fatigue lorsque les cours se font trop nombreux pour devancer cette même précarité, et le sentiment de compétition, d'être sur la sellette en permanence - le sujet est vaste, et votre temps d'attention, probablement compté ! ;)
Ce dont j'ai envie de parler plutôt, c'est de la manière dont ces difficultés viennent donner du relief à notre enseignement, du ressort à notre résilience, et comment en apprenant à perdre, nous gagnons en ressource.
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Avant-hier, je devais remplacer une collègue au sein d'une très grande entreprise, quand au moment même de partir pour me rendre au cours, une douleur vive dans l'aine droite m'a pliée en deux, rendant tout mouvement impossible. J'ai cru à une appendicite, mais je n'avais pas le fameux effet "rebond" qui lorsqu'on presse le point sensible avant de le relâcher, accentue supposément la sensation douloureuse. C'était pourtant proche en terme de symptômes, et je ne pouvais plus bouger, obligée d'annuler au dernier moment tandis qu'une quinzaine de personnes m'attendaient et qu'une consœur me faisait confiance...
Voilà ce à quoi je pensais au lieu de me décider quant à me rendre aux urgences ou non, au lieu de demander de l'aide. Je culpabilisais, terriblement.
Ça a duré un long, très long moment, puis je me suis dit qu'elle comprendrait, que les élèves aussi, passeraient à autre chose, qu'il fallait que je pense à moi, à cet instant. Pas le choix. En m'efforçant de retrouver mon calme via le souffle, je me suis souvenue que mon ostéopathe, quelques jours plus tôt, m'avait conseillée de surveiller mon psoas, de boire beaucoup d'eau et de l'étirer. Ça a fait "tilt" : c'était ça, pour sûr.
Tout doucement, je suis allée me poser sur mon tapis, et à l'instinct, en écoutant mon corps, je l'ai laissé me guider dans les postures idoines - lézard, supta virasana, pigeon... - tandis que la douleur s'atténuait peu à peu, au fil de l'heure qui s'écoulait.
Une fois remise sur pieds - littéralement - j'ai songé à ce qu'il venait de se passer, au sentiment de déception, de culpabilité, et à ce que je pouvais retirer de ce que je percevais sur le moment comme un échec.
C'était limpide : d'une part, réapprendre à prendre du recul, à accepter que le corps se bloque par surprise, et qu'il faille faire preuve de patience alors, d'autre part, partager - l'essence même de notre métier, "partager" - mon expérience pour qu'elle puisse servir, aider d'autres personnes sujettes à ce type de douleur.
Cela fait un bout de temps que l'idée de faire des vidéos me trotte dans la tête, et je recule à chaque fois - par peur, par flemme, toujours prête à me trouver des excuses (j'en ai une liste longue comme cet article, c'est vous dire !).
Il m'aura fallu vivre cet incident pour en avoir vraiment l'envie, pour qu'il ne s'agisse plus d'une simple idée, mais d'un désir à concrétiser.
Parce que même après plusieurs années de pratique et d'enseignement, je demeure stupéfaite face au pouvoir du yoga, admirative du vaste éventail de ses vertus thérapeutiques (je m'apprête d'ailleurs à envoyer ma candidature pour la formation auprès du docteur Coudron en yogathérapie !) qu'on oublie parfois.
Première vidéo à venir, donc, ce week-end, pour apaiser un psoas en crise (voir la section "Yogastuces").
Je me lance enfin !
Que cette mésaventure puisse avoir un sens, autre que de me faire pester, secrètement, sur la difficulté de notre métier... ;)
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