Il y a quelques jours, je passais de nouveau le seuil d'Ici Self-Care, un charmant studio au sein duquel j'ai travaillé, deux ans plus tôt, mais cette fois pour y suivre moi-même l'enseignement d'une professeur Américaine, Dages Juvelier Keates, et en apprendre ainsi davantage sur le Katonah Yoga - lignée plutôt méconnue en France, pourtant particulièrement fascinante. Alors que nous étions toutes prêtes à regagner la salle pour ouvrir les festivités et entrer dans le vif du sujet, Dages nous a demandé de nous présenter, chacune à son tour, et de partager la raison pour laquelle nous souhaitons suivre ces trente heures de formation à ses côtés. J'ai évoqué ma première rencontre avec le Katonah Yoga, au travers d'Elena Brower - qui en distille bien souvent les préceptes dans ses cours - la curiosité grandissante alors, d'aller plus loin, d'explorer ce terrain inconnu, et tandis que la pelote de laine de mes pensées se déroulait gaiement, le bout du fil, la véritable réponse à cette question m'est apparue : c'était l'envie de sortir des conditionnements, de prendre de la distance avec les évidences, qui m'avait menée là. Le besoin de rayer, sur la carte de mes habitudes, la zone bien délimitée de mon petit confort.
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En Katonah Yoga, tout est déroutant. Quelque soit le nombre d'années de pratique au compteur, ou même d'enseignement, n'importe quel professeur aguerri se trouverait déstabilisé - délicieusement, certes, mais déstabilisé tout de même ! - face à cette science étrange où le Hatha s'éprend de philosophie Taoïste, de géométrie, d'ésotérisme, de mythologie, et d'un grand vent de liberté, loin des théories cadenassées, immuables, dictées par d'autres lignées. Je revois encore Dages nous dire, tout sourire, qu'il n'y a pas de règles, en vérité : "You can do whatever you want with your practice!" Découvrir ce yoga, c'est accepter de redevenir débutant, de redéfinir sa pratique. C'est décider de confronter ses automatismes, en exerçant autant le mental que le corps, et en utilisant la richesse de son expérience acquise ailleurs, différemment, pour embrasser le champ des possibles, pour se rappeler qu'il n'existe pas qu'une seule façon de faire, et jouer alors de ce plaisir-là. Changer subtilement un détail - une paume que l'on dépose à l'envers, des genoux qui se logent au creux des aisselles comme en quête d'un refuge - ou articuler de manière inédite des concepts déjà familiers (je pense au fameux "magic square", dont je serais bien incapable de vous faire un résumé et qui rappelle certains préceptes de médecine chinoise, tout en ayant trait au système des chakras), tout se prête au renouveau, tout devient spacieux, malgré les cadres, les mesures, et la précision qui s'invitent parfois.
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Cette semaine, ainsi que la suivante, ma proposition sera celle-ci : oubliez tout ce que vous savez déjà, et ouvrez grand les portes d'un désir tout neuf de vivre, d'apprendre, de pratiquer. Dialoguez avec vous-même, échangez auprès d'autrui, enrichissez-vous de ce qui ne vous appartient pas encore entièrement. Même le simple fait de respirer vous apparaîtra comme magique, généreux.
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